Le jumelage en Bretagne est une institution depuis 1964 !
Actuellement, nous remarquons que le mot de « jumelage » semble désuet, obsolète voir complètement périmé. Il semble réservé à une population plus que vieillissante. Mais cette vision est-elle juste ? Qu’est-ce qu’un jumelage ? Qui engage t-il et pourquoi ? Pour quoi les jeunes se détournent ils de cette opportunité qui leur permet d’aller dans un pays ami ? Comment un résident peut-il entrer en contact avec une telle association ? Et, de manière plus générale, le jumelage en Bretagne a-t ‘il encore un avenir ?
Le jumelage : un engagement entre deux communes
L’officialisation d’un jumelage sous quelque nom que ce soit est avant tout un engagement
- Charte
- Convention
- Serment
- Coopération
- Pacte d’amitié,…
Il a pour objectif d’être facilitateur à la réalisation de projets entre deux communes. Elle intègre une relation de confiance qui s’inscrit dans le temps et dépasse les idéaux politiques pour ne s’intéresser qu’aux intérêts de la cité.
Cette charte, même si elle est structurée, reste modifiable et un simple amendement permet d’effectuer des modifications. En effet, au fil des années, les projets et leurs mises en œuvre peuvent évoluer.
Le texte doit être soumis au conseil municipal pour approbation. Le serment est ensuite signé lors d’une réunion publique. Ainsi les signataires s’engagent mutuellement. Cette signature a lieu dans les deux communes.
Si cela devait être fait, une délibération du conseil municipal suffit à rompre ce serment.
Ci-dessous, un exemple de serment de jumelage :
Un découpage administratif différent entre la France et l’Irlande
Dans un premier temps, les jumelages étaient portés par les municipalités. Très vite, elles ont délégué la gestion du jumelage à une association. cette dernière faisait toutes les démarches pour la mise en place et le suivi des actions à mener. Elles pouvaient aussi demander des financements en leur nom propre.
Dans l’état actuel des choses, certaines municipalités se désengagent clairement de ces associations car elles ne voient pas d’intérêt pour leurs communes. Cela arrive heureusement rarement.
Si en France, nous avons la possibilité de créer une structure indépendante et capable de ramener des financements pour les projets, il en va différemment pour nos homologues irlandais. En effet, il n’existe pas de statut associatif de type Loi 1901. De plus, tout le découpage administratif tel que nous le connaissons, est complètement différent en Irlande.
Comment intégrer une association de jumelage en Bretagne ?
Comme nous l’avons expliqué plus haut, un jumelage se crée entre deux villes. Il est donc logique, dans un premier temps, de vous adresser à votre mairie et lui demander s’il existe un jumelage avec une ville irlandaise ou autre. A ce stade, la mairie vous donnera les coordonnées du/de la responsable de l’association.
Notre site brittany-ireland.com recense un certain nombre de jumelages avec la ville irlandaise référente. Une carte non exhaustive facilite la lecture.
Au mois de septembre, beaucoup d’associations participent au forum annuel et il vous est donné la possibilité de rencontrer les membres actifs qui témoigneront et termineront de vous convaincre.
Une fois l’adhésion faite, vous devenez bénévole et participez à la vie de l’association en y apportant votre personnalité, vos motivations et vos connaissances.
Le jumelage est-il désuet et obsolète ?
Le manque d’engagement des jeunes et le vieillissement des adhérents sont ils le signe que le jumelage serait devenu désuet ?
Malgré un vieillissement certain, les associations de jumelage en Bretagne sont encore très présentes et relativement actives. Toutes n’ont pas forcément adhéré à la Confédération Bretagne Irlande mais il y a plus d’une cinquantaine de jumelage entre la Bretagne et l’Irlande à ce jour.
Le vieillissement des membres de jumelages
Depuis plus de dix ans, nous constatons que les adhérents des associations qu’elles soient de jumelages ou non, vieillissent. L’engagement s’émousse quand pour la majorité de ces personnes, elles sont engagées depuis plusieurs dizaines d’années.
La situation difficile de 2020-2021 a laissé des traces et forcé de nouvelles habitudes qui vont à l’encontre du système associatif. Dès lors, les nouveaux adhérents ont, eux-mêmes adopté des choix de vie différents. La crise inflationniste que nous subissons freine également les déplacements pour les réunions associatives.
Devons nous absolument pérenniser les adhérents d’une association ?
La question se pose sans que nous puissions y répondre clairement. En effet, pour être structurée et efficace, nous avons l’habitude d’avoir une certaine stabilité dans les conseils d’administration et les bureaux. Et c’est dans ces instances que le renouvellement ne se fait pas. Quid de chacun ? Les mandats pourraient ils être limités dans le temps ? Est-il envisageable de modifier la structure associative en mettant en place des co gestionnaires ? Ou bien le nouveau système n’existe pas encore et il est à découvrir…
Comment se finance un comité de jumelage ?
Comme toute association Loi 1901 en France, les financements arrivent par plusieurs entrées :
- Les adhésions des membres
- les actions de l’association pendant l’année (tombola, soirée, cours d’anglais,…)
- Les subventions municipales
- Les subventions exceptionnelles pour une action ponctuelle
- Les aides départementales, régionales et européennes
- Le partenariat avec des entreprises
- le sponsoring
La mutualisation des forces permet un financement plus aisé quand il s’agit de préparer des demandes d’aides départementales et/ou régionales. A cet effet, les fédérations et la confédération permettent d’appuyer les demandes financières auprès des instances référentes.
La base des jumelages : un projet et des actions
Comme l’ont fort bien suggéré des adhérents lors de la dernière assemblée générale de la fédération du Morbihan, nos jumelages doivent monter des projets liés à des actions bien précises. En effet, l’époque du voyage organisés pour découvrir l’Irlande ou faire connaitre notre belle région à nos amis irlandais ne suffit plus au développement des échanges. Chacun, aujourd’hui, peut voyager comme il l’entend et obtient des tarifs parfois plus intéressants qu’en passant par les comités de jumelages.
Donc, réfléchissons autrement et innovons dans nos projets !
Des jeunes qui semblent loin des associations
Le leitmotiv dans le milieu associatif reste le même : où sont les jeunes ? Mais au-delà de ce constat, posons nous quelques questions :
- Qu’avons nous mis en œuvre pour que les jumelages soient présents au sein de l’activité jeunesse de nos cités ?
- Proposons nous des jeux, des actions ponctuelles lors des fêtes comme la Saint Patrick, Halloween, ou encore la fête de la Bretagne ?
- Menons nous des actions collectives entre le jumelage et l’école de musique, les clubs sportifs, les clubs littéraires, ou bien toutes les associations de jeunes durant l’année scolaire ?
Qu’apporte concrètement un comité de jumelage à la jeunesse de sa ville ? Certains comités ont compris qu’il était nécessaire de s’impliquer avant toute chose, au sein de la commune. Et, une fois la reconnaissance effective, il est alors temps de monter un projet avec la ville irlandaise.
Pourquoi adhérer à une association de jumelage en Bretagne ?
Pour moi qui suis investie depuis plus de 25 ans dans le domaine, j’invite les jeunes et moins jeunes à nous rejoindre car plus nous sommes nombreux, plus les idées d’échanges, de coopération, d’aides peuvent se développer.
Un jumelage est avant tout une association qui fédère des forces vives de la commune. Il va permettre à chacun de regarder différemment son implication civique. Quel bonheur d’avoir pu faire aller en Irlande un groupe de jeunes musiciens qui se sont frottés aux musiciens aguerris dans des sessions au pub ! Et qui reviennent avec un sourire si lumineux que les organisateurs ne peuvent que se féliciter.
C’est aussi une jeune fille qui souhaite travailler une saison en Irlande, ou un étudiant irlandais qui désire mieux connaitre le français.
Bien sûr, les adhérents auront toujours autant de bonheur à participer à des voyages vers la verte Erin que d’accueillir leurs jumeaux chez eux afin d’approfondir et développer une amitié durable. L’un n’empêche pas l’autre. Et le constat est que l’amitié entre les bretons et les irlandais est fidèle.
Le jumelage en Bretagne
ou comment se renouveler et agir pour la communauté ?
La situation actuelle permet de rester optimiste quant à l’évolution et au développement des comités de jumelage. Preuve en est, les demandes toujours constantes de villes qui souhaitent se jumeler avec l’Irlande.
Mais également, il a cet attrait de l’Irlande suite du Brexit et à la difficulté administrative de mettre en place des voyages scolaires ou étudiants.
En plus de tous ces arguments, internet est l’outil facilitateur pour créer des échanges et parvenir à mettre au point des projets qui engagent les parties prenantes.
Soyons inventifs, créatifs, enthousiastes et allons vers ces jeunes plein de nouvelles idées sans à priori ! Et là nous aurons de belles surprises.
Le jumelage est avant tout populaire
Lorsque quelque chose est populaire, cela signifie qu’elle a l’approbation du plus grand nombre de personnes. le jumelage ne peut avoir de succès que s’il touche directement la population de la ville. Cela se réalise grâce aux actions qui seront menées tout au long de l’année par l’association.
Sans ce mouvement vers les autres, il reste un groupe de personnes qui se font plaisir et qui restent enfermées dans des habitudes de voyages alternés entre les deux villes.
Dès lors, restons attentifs à cultiver la proximité avec la population locale en ouvrant les voyages aux personnes impliquées dans le jumelage et ses activités tout au long de l’année. Soyons force de proposition en intégrant les autres associations sportives, culturelles, économiques dans des actions bipartites.
L’irlande : un fonctionnement différent
Aujourd’hui, nos homologues Irlandais regardent le jumelage en Bretagne et malgré un désir de se fédérer, ils ne bénéficient pas du statut associatif. Leurs structures municipales fonctionnent différemment des nôtres. Ils n’ont par exemple, pas de salles comme nous en bénéficions. Dès lors, il est plus difficile de préparer des projets et de les mener à bien sans un soutien structurel.
Mais, ils ont, à l’instar de la France, un réseau de transport beaucoup plus performant et accessible. Ils nous reprochent cet aspect qui devient un frein pour mettre en place des projets de voyage.
Peut-être une des démarches que nous pourrions effectuer serait d’étudier la possibilité qu’un statut associatif européen soit créé. Ainsi les jumelages bénéficieraient des mêmes opportunités quel que soit le pays. Utopie ou éventualité ?
« Le lien qui unit, dans un esprit d’égalité et de réciprocité, des populations entières de deux ou plusieurs pays différents en vue de favoriser le contact des personnes, l’échange des idées, des techniques, des produits. Il est un instrument de culture populaire et de formation civique internationale, et il ne saurait être détourné de son objet à des fins personnelles ou partisanes ou politiques »
(Charte des villes jumelées – 1957).
crédit : http://jumelages-nouvelle-aquitaine.eu/quest-ce-quun-jumelage/
Note de l’auteure : « J’ai écris ce texte parce toute mon expérience des jumelages avec l’Irlande depuis 1998 me donne suffisamment de recul pour en parler sans trop d’émotions. J’ai été présidente du comité de jumelage entre Pluvigner et Cahersiveen -Comté du Kerry pendant plus de 10 ans. J’ai rempli la tâche de présidente de la fédération du Morbihan pendant 10 ans et aujourd’hui j’assure le secrétariat de la confédération Bretagne Irlande. J’ai vécu de très belles aventures et j’en retire une grande richesse humaine.
Ce site n’avait aucun article sur le jumelage en tant que tel et c’est pour cette raison que j’ai souhaité vous parler de ce sujet qui me tient particulièrement à cœur.
Les soixante ans de nos jumelages approche et je crois que nous pouvons nous renouveler et apporter de nouvelles aventures aux habitants de nos villes.
Sylvie RUFET